Spéleo Groupe Forez - 2008 Juillet-Aout PSM

DU 26 JUILLET AU 1 AOUT 2008

Après un break en 2007, nous voici de retour à La Pierre St Martin pour établir la jonction des réseaux de La Pierre et du gouffre des Partages. Depuis 6 mois, sous l’impulsion de Bernard, des contacts chaleureux ont été noués avec l’Interclubs des Partages autour de cet objectif commun. Nous pensons tous que nos chances d’aboutir cette année sont réelles grâce à une forte motivation des 2 équipes, des moyens plus importants et l’installation d’un bivouac près de la future jonction.

Participants :
Michèle, Bernard et Vincent Thomassery, Laurent Ylla, Bruno Ducluzaux , David Rodier, Georges, Marcel Courbis, Stéphanie, Stéphane et Samuel Descamps, Odile, Olivier et Alexandre Roche, Dominique et Michel Soulier

Vendredi 25 et samedi 26 juillet :
- arrivées échelonnées du SGF, nous nous installons, comme d’habitude, dans l’appartement au rez-de-chaussée des Myrtilles. Arrivée de l’Interclubs des partages avec Alex Pont, Fabien Darnes et Bentch. Dans quelques jours, Odile et Olivier Venaut ainsi que d’autres spéléo rejoindront cette équipe qui campera à la cabane de Boticoche pendant 2 semaines.
- L’Interclubs commencera par aménager les étroitures difficiles du M 31 afin de faciliter les explo, puis après notre départ, pendant leur deuxième semaine, continuera le travail de désobstruction vers la jonction, si besoin est.
- premier contact avec le M 31, nous montons une partie du matériel au bord du trou. Il reste beaucoup de neige. Le névé d’entrée arrive à 2 m en dessous de la première déviation, mais le passage ne semble pas bouché. Notre vestiaire est à demi comblé par la neige.

Dimanche :
Descente dans le M 31, jusqu’à la base des puits. Le M 31 est resté équipé depuis notre dernier camp il y a 2 ans, hormis la partie très arrosée en dessous du puit Hypothétique où les cordes avaient été mises à l’abri. Nous vérifions l’état des cordes et des amarrages. Après 2 années, les cordes sont en parfait état ; un amarrage à souffert, nous le remplaçons par 2 spits. Nous remontons tranquillement après avoir laissé les néoprènes et les bits à carbure à la base des puits. Nous constatons que les puits sont étonnement secs.

Lundi :
- descente de l’Interclubs, ils élargissent une première étroiture en sommet de puit, située à 20 m sous l’entrée, puis ils font sauter une lame située juste avant notre désob à la base des puits et surtout ils suppriment le S, très inconfortable, à la sortie du tunnel que nous avons creusé patiemment sur 15 m. Beau travail, nous admirons leur efficacité. Ils utilisent du cordon détonnant après avoir percé des trous avec une mèche très longue, de 80 cm.
- le SGF prépare le matériel pour le bivouac de 3 jours sous terre : 2 tentes de 2/3 places ainsi que 4 duvets et des sacs étanches achetés par le club pour l’occasion. Le plus gros problème est le conditionnement du rioby, nous arrivons à l’emmancher dans deux chambres à air de camion. David apporte son duvet à l’opération, il y a donc 5 places au bivouac. Après beaucoup de palabres, il est décidé que Bernard, Laurent, Bruno, Stéphane, David bivouaqueront et que Marcel, Olivier, Michel aideront au transport des kits puis remonteront.

Mardi, Mercredi et Jeudi : entrée mardi 10h30, sortie jeudi 18h30; TPST 56 heures
- Départ pour le bivouac,le groupe se scinde en deux avec un départ rapide des premiers, vers 8 h. Nous nous retrouvons tous à l’entrée du M 31. Les premiers descendent sans tarder, les suivants mettront plus de temps. Nous enfilons les néoprènes à la base des puits. Nous sommes surpris par le niveau très bas de la rivière, la progression en est facilité, à noter cependant le difficile passage de ‘ la tête dans le caniveau ‘ avec le très gros bidon. Lorsque les derniers arrivent, Bernard et Laurent ont attaqué le chantier.
- Marcel,Oliver et Michel remontent. Olivier a une mauvaise surprise : au moment de quitter la néoprène avant la remontée des puits, il ne trouve pas ses habits. Ils ont été emportés par erreur au fond, mais ils seront salutaires pour David. Les trois ressortent du M 31 et descendent de nuit à la station, sans passer par Boticoche, dommage.
- Le bivouac: après des recherches au milieu du chaos de blocs, un replat dans une ancienne vasque comblée par l'argile est trouvée dans la galerie d'accès à la rivière. Stéphane et David posent les tentes sur le lit d'argile, l'eau sous jacente remontera pour rappeler à tout le monde que le ressaut n'est pas du tout fossile (splouch sploutch ! Waterbed). Couché 22h levé 7h. Nuit tip top, pas froid dans la tente de 3, moins confortable dans la tente à 2 en raison des remontée de flotte (froid en fin de nuit). La présence d'un fort courant d'air dans la galerie a entraîné de la condensation dans les tentes sur toutes les parties plastifiées. Solution : dormir ailleurs, mais c'est pas gagné! Les bougies ne sont, en fait, pas tellement utile pour chauffer les tentes. Nous prenons un petit réchaud et une popote pour la pointe. Les sacs étanches Décathlon ont été parfaits.
- La nourriture : A savoir que un kilo de pâtes parfumées à la soupe à la tomate, ça fait deux repas pour 5, le tout accompagné de viande hachée ( des steaks au départ congelés), chocolat, saucisson, kiri, cacahouètes, etc.
- Le chantier : le premier tir a été effectué au environ de 16h dans des blocs et de la concrétion. Après un premier coup d'oeil il apparaît que la suite est bien étroite. Elle se présenté sous la forme d'un miroir de faille légèrement incliné avec une ouverture sur 1 mètre de haut , 10cm de large et un visuel sur 4 à 5 mètres environ... c'est pas gagné! Nous progresserons difficilement sur 3m, tout à l’explosif.
- Technique desob : Le rioby fonctionne bien avec un bon courant d'air aspirant (pour le bien être des utilisateur). Penser à acquérir un mèche de 10 mm double hélice longueur 600mm et une autre de 800mm. Prévoir une petite corde, une sangle, un petit bidon coupé en deux, une petite truelle et un petit couteau, outil avec pince . Les chambres à air ont bien fonctionnées pour protéger le rioby.
- Pendant que 2 spéléo creusent au fond, les autres recherchent un éventuel départ vers la PSM; toute la galerie a été fouillée, en vain.
- L’Interclubs descend, jeudi, dans le M31 pour agrandir le passage ‘ la tête dans le caniveau.
- Le retour s’effectue lentement avec une équipe SGF lourdement chargée ( 3 kits par spéléo ). Seules les 2 tentes demeurent au fond.

Vendredi 1août :
Bruno, Olivier, Vincent, Stéphane et Samuel partent côté espagnol, pour continuer une désobstruction en surface, entreprise les années antérieures. Ils passent ! Ils tombent dans une salle dans laquelle ils trouvent un squelette d’ours de grande taille. Arrêt sur » rien » . Il convient de revenir pour découvrir ( qui sait ? ) un réseau, une future jonction …..

Une très bonne ambiance pour ce camp 2008, avec beaucoup d’activités pour tout le monde :
visite de la région, visite de la salle de la Verna par le tunnel qui a été aménagé ( éclairage, sol bétonné ) randonnée au pic d’Annie, montées en vélo de plusieurs cols très durs ( col de
La Pierre St Martin, col de Larrau), dégustation de rosé ( merci Georges )

Epilogue : Un extrait du bulletin de l’ARSIP d’août 2008 :
Dans la nuit des 5 et 6 août 2008, une équipe du collectif SG Forez - Interclubs des Partages a réussi la jonction attendue depuis 2 ans entre deux des plus grandes cavités du massif de la PSM. Après cette jonction, le Complexe Pierre Saint Martin / Partages atteint 80.200 m de développement et 1410 m de profondeur (1). Il possède 11 entrées naturelles (7 sur la commune d'Arette en France et 4 sur la commune d'Isaba en Espagne).
Cette jonction est le résultat d'hypothèses de travail de prospection émises dès la fin des années 70 par deux spéléos du SC Poitevin (Jean Michel Ameil et Serge Puisais). Ces hypothèses prévoyaient la possibilité de 2 rivières inconnues entre la PSM et le réseau d'Anialarra : Z et W, mais aussi des interconnexions entre les deux et l'amont de la PSM par des jeux de captures d'actifs.
La rivière W est découverte en 1981 à partir du M31. C'est le gouffre du Pourtet qui jonctionne avec la PSM par un phénomène de capture laissant probablement à l'ouest un aval perdu encore inconnu.
En 1982, Ameil et Puisais identifient à la base des puits du M31 un petit ruisseau qui selon eux devrait rejoindre un affluent de la rivière Z encore inconnue.
La rivière Z est découverte en 1983 via le M413. Elle deviendra le gouffre des Partages. En 1996, un gros affluent de Z est découvert et il se dirige vers la rivière du Pourtet et le M 31. Arrêt sur laminoir étroit et plein d'eau. Confiants dans les hypothèses, ses découvreurs de l'interclubs des Partages le nomment Retour Vers le Futur.
Pendant les explorations de l'aval des Partages la recherche d'une jonction entre les deux grands gouffres n'est plus une priorité, mais elle n'est pas oubliée. L'idée est reprise en 1998 par le SG Forez qui était déjà de l'explo de Retour vers le Futur et qui se lance dans l'exploration de l'aval très étroit et aquatique de ce ruisseau de la base du M31. Les Foreziens vont galérer 8 ans pour gagner quelques centaines de mètres vers l'ouest en restant parallèles à la rivière du Pourtet. Et puis en 2006, ça passe dans du plus gros et un kilomètre est vite gagné. Par endroits, les galeries frôlent celles du Pourtet mais s'arrêtent sur un laminoir que la topographie place à quelques dizaines de mètres et dans le même axe que celui de Retour Vers le Futur. Break en 2007 et en 2008 ça passe après plusieurs désobstructions dans des dalles effondrées et des remplissages au dessus du laminoir.

Pour finir, quelques mots de Bernard Thomassery, un de ceux qui ont voulu y croire jusqu'au bout :
"Voilà une chose de faite ... Nous irons finir la topo en octobre, faire place nette et éteindre la lumière. Nous irons aussi faire quelques pas dans Retour vers le Futur. Nous en avions fait la première. Nous avions même laissé, lors de la dernière visée topo, un message d’accueil aux éventuels spéléos qui arriveraient par l’autre côté ! Olivier Venaut l’a récupéré.
Le plus dur reste sans doute à venir pour le SG Forez et tous ceux qui ont tenté cette jonction depuis toutes ces années ... Oublier le M31 et passer à un autre objectif. Mais ce sera difficile de retourner sur La Pierre sans redescendre dans ce trou. Nous y avions nos habitudes, nous connaissions ses puits par coeur ...
J’espère que nous retrouverons un autre objectif pour nous relancer dans une nouvelle aventure. J’espère qu’elle sera moins ingrate . Nous retiendrons cependant les moments de fortes émotions en débouchant de notre “tunnel”, plus tard en découvrant la suite de la rivière, les gros volumes. Nous retiendrons surtout la formidable aventure humaine que cela a été.
La chaîne à Félix n’est pas prête de se rompre ..."